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 Si muhand ouam'hand

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moe

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MessageSujet: Si muhand ouam'hand   Si muhand ouam'hand EmptyLun 1 Oct - 5:52

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Si muhand oum'hand amouqran nechoaara.
Cette grand poete... malheureusement on apprond rien sur lui a l'ecole ...
dans son poeme il a parler de bordj menaiel et chender et il a fait une petite descreption de cette ville dans son passage.
il a fait une marche a pied de El harrach a Ain El Hamam. et il etait la lors de la grande revolution de 1871....

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MessageSujet: C'est vrai Moe.   Si muhand ouam'hand EmptyLun 1 Oct - 8:52

Salut
C'est vrai Moe. tu as tout a fait raison mon frère, Si muhand u mhand amokrane echo3ara, on l'a mit dans l'oubli! ils ne l'enseignent pas à nos enfants ni a l'école ni ailleurs!
J'aimerai bien lire quelques poèmes de sa poésie si tu en as quelque chose à nous offrire.
Merci beaucoup Moe.
Merci aussi pour la photo du phare de Dellys.
bon courage.
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moe

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MessageSujet: ISFRA DE SI MUHAND U M’HAND   Si muhand ouam'hand EmptyMer 3 Oct - 6:41

Tahvivt illan tettwenis
ma tfka ul-is;
tettas-ed mebl'acega3.
Mi t3ada zdat walen-is;
kulci &ef ddehn-is;
macci am tehivt u ka3ka3
ma teslitt di tqemuct-is;
tettsedh'hi di zzin-is;
attemet wal' attexdha3


1/ La vraie amante,
Dont la compagnie est si charmante

Surtout si elle livre son coeur
Et se rend prés de son bonheur

Sans y être invitée meme du regard
Elle voit et comprend tout au hasard

N’étant pas de celles qui sont sur la voie"
La lutte est entre mon coeur et moi

Je ne me suis plaint à personne malgrès ma douleur
Si ce n'est à toi Ô mon créateur !

...................

Sahha di zzehr imkeffes
I 'y' ibdhan yid-es
Ta3zizt ukud nnume&
Ay te&ra tefhem tekyes
Yiwen ddin &ur-es
Daymi a meden i TT-hamle&
Iggum'ad iyi-ad-yas yidhes
S-elmehna ines
Txile-ek a lleh semlil-a.


2/ Pour rester digne, ô mon coeur
T’as besoin de patience et de langueur
En ce premier jour de l'Aïd et de douceurs,

Dieu visite tous ses autels
Où sont réunies toutes les belles

Celles qui ont appris à l'adorer.
Mais, nous qui sommes tourmentés

Nous nous enivrons d'absinthe et de thé
Tous deux, mon âme et ma destinée.

........................

Temmut ta3zizt ur nemmzir
Lmut a tettextir
Rebbi iteddu deg nneqma
Ay akal ur t-et&eyir
Mm la3yun n ttir
Ta3fumt-as a lmuluka
D azawali wer t-tehqir
D yelli-s n'lxir
Mehrumet si lgâhennama
Cahh ! Aray eccahh !


3/ La mort a choisi ma bien-aimée
Que je n’ai pas revue.

Dieu se mettant de coté
Ma raison m'a abandonné

Je suis le fils dépravé
Il faut donc me résigner.

Puisque le lâche se fait petit
Tant pis, Ô mon âme, tant pis.
.............................

Gulagh seg Tizi-uzu
Armi d akfadu
ur hekim-en ddeggi aken ellan
Anerez wala aneknu
Axir da3wessu
Anda tsqwiden chifan
Del gherva tura deg qeru
Gulagh ar ne nfu
wala laquba gger ilfan.


4/ J'ai juré que de Tizi-Ouzou
Jusqu'a Akfadou
Nul ne me fera subir son dicton
Nous nous briserons
Mais jamais, nous ne plions
Plutôt être maudits et répugnants.

Quand les chefs sont des maquereaux.
L'Exil est inscrit au front
Je préfère quitter le mont
Que d'être humilié parmi ces pourceaux.


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MessageSujet: Biographie   Si muhand ouam'hand EmptyMer 3 Oct - 6:42

Si Mohand Ou M'Hand Ath Hammadouche est né vers 1845 et est mort en 1906 (d'après Boulifa). Si la date de sa mort semble établie, celle de sa naissance est approximative. En effet, l'Etat Civil en Kabylie n'a pas eu d'existence officielle avant 1891. Il naquit donc dans l'ancien village de Chéraïouia où son père Mehand Améziane Ou Hammadouche, originaire de Aguemoun, s'était réfugié pour échapper à une vendetta. Après 1857, le village de Chéraïouia fut rasé et à son emplacement fut édifiée la citadelle de Fort-National (Larbaâ Nath Irathen). L'autorité militaire attribua aux habitants un terrain à 10 Km au nord, près de Tizi-Rached, qui appartenait à une zaouïa.
En fait, la population s'est répartie, pour une faible part sur ce terrain où naquit la nouvelle Chéraïouia, mais pour la plupart aux alentours de Fort-National.
Les parents de Si Mohand s'installèrent à Akbou, au lieu-dit Sidi-Khelifa. Son oncle paternel, Cheikh Arezki Ou Hammadouche, maître en droit musulman y avait ouvert une zaouïa où un taleb enseignait le Coran, non seulement aux enfants de la famille mais aussi à tous ceux du village. C'est là que Si Mohand commença ses études avant de rejoindre l'importante zaouïa de Sidi Abderrahmane Illoulen (Michelet). La famille était aisée et l'enfance de Si Mohand heureuse.
En 1871, lors de l'insurrection, la famille s'est engagée aux côtés de Cheikh El Mokrani contre la colonisation de la Kabylie. Le père, Mehand Améziane fut exécuté à Fort-National, l'oncle Arezki déporté en Nouvelle-Calédonie et leurs biens confisqués au profit de l'Etat. La famille ruinée et anéantie se dispersa, la mère se retira dans la nouvelle Chéraïouia avec son jeune fils Méziane et là commença la vie de vagabond de Si Mohand, errant de ville en ville. Son frère aîné Akli s'enfuit à Tunis avec l'essentiel des ressources de la famille.
Si Mohand passa quelque 30 ans d'errance entre la Kabylie et la région de Bône (Annaba) où de nombreux Kabyles travaillaient comme ouvriers agricoles ou comme mineurs. Un autre de ses oncles, Hend N'Aït Saïd , était d'ailleurs installé dans les faubourgs de Bône.
Si Mohand mourrut en 1906 à l'hôpital des Soeurs Blanches de Michelet et fut enterré au sanctuaire de Sidi Saïd Ou Taleb.


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MessageSujet: Si myhand   Si muhand ouam'hand EmptyMer 3 Oct - 10:04

trés impressionnant ce que tu viens de nous poster Moe, on apprend des choses de notre histoire et ses leaders.
Merci Khou et on avance pour une Algerie Meilleure:cheers:
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MessageSujet: Mon frère   Si muhand ouam'hand EmptyMer 3 Oct - 16:16

Moe je te promets une chose qui est la suivante:

si ton livre ne sera pas éditer dans les prochaines années on peut s'entraider et lui consacrer tout un site juste pour le mettre en ligne pour nos générations.
Si tu permets, je veux bien faire reccueil de tout ce que tu viens de nous rensigner et le mettre officiellement dans le site de Bordj.
Pas dans le forum.
genre de chronique histoire.

Merci pour tout en tout cas.
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MessageSujet: Rencontre entre Cheikh Muhend U Lhusin et Si Muhend OUM'hand   Si muhand ouam'hand EmptyJeu 4 Oct - 6:35

Durant prés de quarante ans, ces deux grands homme ont enrichi la langue. Ils se sont rencontrés une seule fois au cours de l’année 1901, quelques mois avant la disparition du Ccix "Cheikh".
L’échange verbal, resté dans les annales, s’est fait avec tact et dans le respect mutuel. Il a contribué et encouragé la création et la recherche de la langue kabyle.
Celui d’entre eux qui a le plus parlé fut Si Muhend U Mhend. Ccix Muhend s’est contenté de lui poser quelques questions afin d’inciter Si Muhend à déclamer des textes de toute beauté.
Ccix Muhend avait une grande admiration pour les poésies érotiques de Si Muhend.
Si Muhend U Mhend, adulé par les kabyles, a fait des poèmes dans le style de ceux de Baudelaire dans « les fleurs du mal »(1) dont la publication, en son temps, avait provoqué un tollé de l’église et de l’administration françaises.
Comment alors deux personnages, aussi dissemblables, ont pu se rencontrer, se côtoyer, se retrouver face à face et s’admirer mutuellement.
-Lorsque Si Muhend, de retour de Tunis, apprend de Si Hemmou Ouidir, tenancier d’un café à Michelet(Ain El hamame ), que le Ccix était gravement malade (lui aussi se sentait diminué physiquement), il se dit alors qu’il se devait de lui rendre. Il prit la direction menant à Taqa. Arrivé à Boukenfou, d’où on peut voir At Hmed, le poète, par respect pour le Ccix, va cacher sa pipe et son absinthe dans un lentisque, avant d’aller et aborde doucement la descente.
Un des adaptesde si Muhand voit Si Muhend et le dit au Ccix, qui demande que le poète vienne s’asseoir prés de lui.
Si Muhend prend place près de Ccix Muhend qui lui dit :
C’est donc toi Si Muhend, le poète ?
Oui Maître, c’est moi-même.
le Ccix demande à Si Muhend de composer quelques vers de sa poésie. Lors d’une conférence sur Si Muhend , à Michelet Mammeri a dit : « M’ara yemlili Muhend ar Muhend, ilaq a d-yili kra » (lorsque Muhend rencontre Muhend, il faut que quelque chose se passe).

Si Muhend n’était pas inspiré. Il trouve la parade en lui disant :
Maître les rôles se succèdent selon la norme. Tu es semblable à la haute et principale roue de la meule : D agharef ufella.
Ici le mot « agharef » est une des deux roues qui forment la meule horizontale domestique. Les deux roues se superposent et tournent autour d’un axe central. Ce détour par l’image comparative, caractère spécifique de la littérature orale kabyle, suggère que c’était au Ccix d’inaugurer la rencontre.
En vérité il n’y avait pas que cela. Si Muhend ne pouvait d’emblée déclamer quoi que ce soit sans qu’il n’ait auparavant « goûté » à ses stimulants. Ccix Muhend feint de l’ignorer et lui dit :
Ulac ughilif zzewregh-k (Qu’à cela ne tienne, vas-y tout de même).
Tout le monde s’attendait à ce que le poète compose des vers mais Si Muhend ne dit rien. Mhend Ouaba, un fidèle du maître, se penche vers Ccix Muhend et lui dit :
Maître, pour que Si Muhend puisse composer, il lui faut quelques prétextes bien connus de lui seul.
Le Ccix savait de quoi il s’agissait. Il savait aussi que Si Muhend avait d’abord le fort besoin de son absinthe pour l’aider à trouver l’inspiration. Il l’autorisa à consommer. Respectueux du maître Si Muhend lui dit :
Par pudeur je ne pouvais me présenter à toi avec ma pipe et mon absinthe. Je les ai alors cachés sous un buisson la haut à Boukenfou. Mais puisque tu m’y autorises, je m’en vais les chercher.
Ccix Muhend surprend son entourage en lui disant :
Anef fihel ma tulidh (Inutile de monter ! On enverra quelqu’un les chercher).
De l’avoir autorisé à consommer de l’absinthe (consommation prohibée dans la religion musulmane) montre combien la pratique et la conception de la religion chez Ccix Muhend étaient laïques. Il était tolérant, libertaire, respectueux de la liberté des uns et des autres.
Un disciple escalada le chemin menant vers la lentisque où étaient cachés la pipe et l’absinthe. Lorsqu’il revient, il prend soin de les remettre au Ccix qui surprend de nouveau ses disciples en les remettant lui-même au poète et lui dit :
Ay asebsi bbwexlendj
Abbu-k yetsnawal awal
Ulamma inijel s usennan
Maâna yedjadja-d tizwal
A lbaz izedghen tignaw
Kul wa anida s-tmal.

Fumeur à la pipe de bruyère
Dont la fumée fait jaillir en toi les vers
Bien que les ronces soient armées d’épines
Elles produisent tout de même des mures
Oh Dieu habitant les cieux
Ainsi en est de la destinée de chacun.

Si Muhend se retire derrière un mur et va fumer à grandes bouffées. Lorsque l’inspiration lui vient, il revient s’asseoir près du Ccix et lui annonce les raisons de sa visite :
A Ccix Muhend U lhusin
Nusa-d a k-nissin
Nedhmaâ di ldjiha-k cwit
A lbaz izedghen lehsin
Ihubb-ik wehnin
Daradja-k hed ur ts-ibbwidh
Ar ssfer heggit aâwin
Ul-iw d amudhin
Tamurt a tbeddel wiyidh.
Oh Ccix Muhend U lhusin

Je viens à te connaître
Espérant m’abreuver à ton savoir
Oh ! aigle habitant les hauteurs
Tu es le préféré de Dieu
Et tu n’as point d’égal
Dussions-nous profiter de ta sagesse
Mes forces m’abandonnent
De nouvelles générations prendront le relais.

Dans la culture kabyle, « lbaz » est l’aigle royale qui habite les hauteurs et aussi le plus majestueux des oiseaux. Mais c’est plutôt l’image symbolique des hauteurs qui prime chez le poète pour l’adresser à celui qu’il considère comme étant le plus grand des « amussnaw » (des savants) de son temps non encore égalé « Daradja-k hedd wer ts-yebbwidh ».
Dans « Ar ssfer heggit aâwin », si le mot « ssfer » désigne souvent la fin d’une vie, en revanche le mot « aâwin » ne semble pas se rapporter au viatique.
Ici, « aâwin » suggère plutôt les provisions de savoir à l’accomplissement ultime recherché par le poète. Si Muhend se sait très malade lui aussi, voir mourant, mais il n’hypothèque pas l’avenir ; même sans lui et sans Ccix Muhend.
Ainsi par « tamurt a tbeddel wiyidh », le poète laisse évoquer le principe de l’alternance dans la continuité de la maîtrise du verbe et donc de la civilisation kabyle. L’espoir d’une relève annoncée reste vivace chez le poète.
Devant la complainte de Si Muhend, Ccix Muhend lui conseille de mettre fin à son errance et de se fixer en prenant une épouse qui l’aiderait à alléger ses souffrances. Si Muhend lui dit à propos de son destin :
Lemmer d bnadem a t-nnzer
Rebbi a s-nehder
F ccraâ yellan di tsewhid
Alebâadh iwelleh-it yaâmer
Iketter-as zzher
Isnaâet-as mkul abrid
Albadh iâemmed-as yenter
Wer t-id-ifekker
Di lemhayen yetszeggid.

S’il en dépendait de l’être, je l’aborderais
Ou encore de Dieu alors je me plaindrais
De la situation présente
D’aucun a été gâté
De toute part débordant de chance
Et tout bien orienté
D’aucun sciemment abandonné
D’emblée ignoré
Davantage enfoncé en cette misère.
Si Muhend se plaint ainsi à Dieu de son triste sort. Tant de souffrance, tant d’aventures et tant d’abattement ont fini par l’user. C’est justement ce destin tragique qu’il dénonce prenant Ccix Muhend comme témoin suprême. Il n’arrive pas à s’expliquer d’avoir été oublié de Dieu « wer t-id-ifekker ».
Le Ccix lui réitère les premiers conseils sans rien lui reprocher de sa plainte. Si Muhend dit à nouveau :
Zrigh deg udem-iw yekfa
Tbeddel-i ssifa
Helkegh lehlak wer essin
Nudagh-d akw ccurafa
Tshawwisegh ddwa
Sehseben-i di tkwerrasin
Zigh urgagh tirga mxalfa
Ddwa d lawliyya
Ar Ccix Muhend wehusin.

Ma vie a atteint son terme
Mon physique est las
Rongé par un étrange mal
Ai-je consulté moult guérisseurs
Cherchant partout remède à mon mal
Et suis plein de créanciers à présent
De faux espoirs ou de faux rêves
Sans rien trouver de remède en guérisseurs
Je m’en remets à toi oh ! Ccix Muhend U lhusin.
Si Muhend s’avoue terrassé par une terrible et étrange maladie(2). Il se confiât alors au Ccix comme dernier et ultime recours cherchant la paix de l’âme. Mais Ccix Muhend lui aussi se trouvait dans la même situation physique. Le Ccix tente alors une consolation par le verbe :
Laâlam tcudd tyaqut(3)
Weqâen yizlan
Lexwan d-tehbes sarut
Aalmen dacu i k-yehwan
A Rbbi ahhbib felli fru-tent
Ad felli faken iceblan...

L’emblème relié par les fibules (fioles)
Tu n’as pu déclamer alors
Les disciples ici présents
T’on fait accéder à tes désirs
Oh ! Dieu allége mes souffrances(2)
Et que cessent mes inquiétudes...
A ce niveau précisément, le poème est enjambé. On remarquera qu’il n’y a pas de continuité dans la suite du texte. Dans « Ccix Muhend a dit », Mammeri marque trois points de suspension. Plus loin, la réalisation du Ccix se poursuit ainsi :
Berka-k lqahwa di ssuq
Akw d lesfendj Uzidan
Lbenna deg imi ar taghwect
Siwa laâtab wi-yerna.

Cesse d’être à la traîne dans les cafés
Et de lambiner chez U Zidan
La vie est de courte durée
Avec ses épreuves en plus.
Si Muhend a eu pour dernière réponse le poème suivant :
A lfahmin lleh ghaleb
Rebb’ak’i gekteb
Lmehn’a tâaddi f rras
Matchi t-tisselb’ay nesleb
Attas i nâetseb
Aql’agh d imehzankullas
Lweqt agi yeskaddeb
Salet lmudjareb
W’ur nuda ur âeddant fellas.

Hélas ! Vous qui saisissez
Dieu a décidé ainsi
Que j’endure mes souffrances
Mais je demeure lucide
Malgré le poids des épreuves
Qui ont fait de moi l’éternel malchanceux
Le temps est changeant
Prenez témoignage auprès des instruits par l’expérience
Plutôt que qu’auprès de ceux qui n’ont rien enduré.
C’est toute la misère portée et endurée par Si Muhend qui apparaît dans ce poème. Le poète résiste à la résignation mais se laisse aller à l’exorcisme par les jeux du verbe. Il fallait bien que le verbe vienne soulager et atténuer la douleur du poète. Il a tant donné à la poésie kabyle et à tous les âges. Ce dernier poème a profondément affligé le Ccix.
Comme pour accompagner le poète dans son effort à résister à la résignation, il lui demanda de le réciter encore une fois. Mais Si Muhend avait juré qu’il ne déclamerait jamais deux fois les mêmes vers. Ccix Muhend lui dit alors :
Ruh a k-inegh Rebbi d aghrib (Va poète, tu finiras sans doute dans l’errance).
A ces mots, Si Muhend fait le v�Â�u d’être enterré au lieu dit : « Asqif n Ttmana » à la sortie de Michelet sur la route menant à Fort National.
Le poète, sans domicile fixe ni famille, se voyait finir sa vie dans l’errance. Dans cette réplique, Ccix Muhend ne prie pas à Dieu de faire mourir le poète dans l’errance. Il cite Dieu seulement comme force réservant à chacun son destin et la destinée finale du poète était déjà prévisible. Ce n’est donc pas une « daâwa ».
Mouloud Feraoun écrit dans son ouvrage consacré à Si Muhend : « Si Muhend, éternel vagabond, pouvait-il mourir dans son village natal, qui d’ailleurs n’existait plus ? Quant au Ccix, il n’avait pas d’héritier mâle, et la menace qui pesait sur ses biens n’était pas difficile à imaginer. »
Le poète quitta les lieux et jamais plus les deux génies ne se rencontreront. Ccix Muhend décède le 8 octobre 1901. Un jour de 1905 et se sentant tout au bout de sa vie, rongé par le mal, il composa au café de son ami Si Hemmou Ouidir le poème suivant :
Helkegh lehlak d amqennin
Kul yum yesmeqnin
Mi hligh teznu-d tyita
Ddwa-s ttelb’ur t-sâin
Nudagh timdinin
Steqsagh ddkur u nnta
Abrid a heggit timedlin
Qbel ad a wen-ini
Muhend af tizi l-luta.

Je souffre d’un mal tenace(4)
Qui chaque jour se propage
Et après chaque répit ressuscite
Les clercs n’en sont pas le remède
J’ai parcouru toutes les îles
Interrogé hommes et femmes
Cette fois préparez les dalles
Avant qu’on ne vous dise
Muhend est sur le point de mourir.
Intrigué, Si Hemmou Ouidir lui demande pourquoi un poème si triste ? Si Muhend avait peur de mourir sans qu’il n’ait quelqu’un pour s’occuper de lui. Si Hemmou Ouidir le rassura. Après un cours séjour à l’hôpital Saint Denis de Michelet, le poète rendit l’âme le 28 décembre 1905. Si Hemmou Ouidir fera enterrer le poète à « Asqif n Tmana » comme il l’avait souhaité.

Notes :
(1) : Éléments de comparaison entre Si Muhend et Charles Baudelaire. Ouvrage en préparation par A. Abdesselam pour le centenaire du poète kabyle
(2) : Les registres de l’hôpital de Michelet mentionnent que Si Muhend était atteint de la tuberculose.
(3) : « Tayaqut » est une sorte de fiole parfumée avec une épingle. Elle est portée par les jeunes mariées et sert comme une fibule à accrocher les parties arrières et de la face de leurs vêtements.
(4) : Traduction de M. Mammeri.
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MessageSujet: Si Muhand   Si muhand ouam'hand EmptyJeu 4 Oct - 11:16

T'es un As Khouya Moe, Zidna min 3ilmek khou afin d'avancer.
Saha Fetorkoum
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Lynda

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MessageSujet: Bonsoir   Si muhand ouam'hand EmptyVen 5 Oct - 15:36

Merci à Moe pour le topic sur Si Muh U Mhand, et ses efforts, c'est tres interessant !!

Je propose le passage ou il cite Bordj

si tizi ar mnayel
lmehna w tekmel
yarrez iy usebsi nerfa

kwefregh ikecm iyi lejhel
lxater iw ibeddel
qeddmegh abrid ilehfa

armi ncab ay ndellel
a gh ifegh laaqel
lmehna tur ay d stufa


Entre tizi (tizi ait aicha = minnerville) et menayel
Ma peine fut à son comble
J'avais cassé ma pipe et j'etais furieux

J'en conçus revolte et blasphemai
Et le coeur ulcéré
Continuai pieds nus la marche

Il a fallu les cheveux blancs pour que je deraisonne
Et perde tout sens
C'est maintenant que le malheur m'assaille à loisir


si Mnayel alarmi d laazib
din ii d ibda ccib
qeddmegh luda n cender

lmehna w ur tesai ttbib
tegga yi d aghrib
atainedh a Lleh nesteghfer

L' aawin l' asurdi di lgib
cayen war neksib
ttif lmut teghwzi l-laamer


Entre menayel et Lazib
Ont commencé mes cheveux blancs
Quand j'ai entamé la plaine de Chender

Mon mal sans remede
m'a livré à l'exil
Assiste moi mon Dieu de ta miséricorde

Pas de provisions et pas un sou en poche
Je n'ai rien
Plutot la mort qu'une vie longue



Tirés du livre "Les Isefra de Si-Muhand" Merci Dda Lmulud !!
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MessageSujet: bravo   Si muhand ouam'hand EmptySam 6 Oct - 11:28

BRAVO LYNDA.

c'est l'heure de Ftour saha ftourkom
je repasserai pour laisser quelque chose.
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MessageSujet: Re: Si muhand ouam'hand   Si muhand ouam'hand Empty

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