Mama Africa ne pouvait disparaître autrement qu'en luttant pour les droits de l'Homme.
Après avoir consacré sa vie à se battre contre l'apartheid, Miriam Makeba, sans doute la sud-africaine la plus célèbre, a rendu son dernier souffle après une ultime représentation à Naples pour défendre, cette fois-ci, le droit à la vie d'un écrivain italien menacé de mort par la mafia.
«Elle avait été la dernière à monter sur scène, après les passages des autres chanteurs. Il y a eu un rappel et à ce moment-là quelqu'un a demandé s'il y a avait un médecin dans l'assistance. Miriam Makeba s'était évanouie et gisait sur le sol», avait raconté un photographe de l'AFP.
Elle a été rapidement transportée à la clinique Pineta Grande de Castel Volturno, où elle est décédée peu après des suites d'une crise cardiaque. Environ un millier de personnes avaient assisté à ce concert antimafia, dans une commune considérée comme un des fiefs de la mafia napolitaine, la Camorra, et où six immigrés africains et un Italien ont été abattus dans des conditions encore obscures en septembre dernier. Miriam Makeba, de son vrai nom, Zenzile Makeba Nguvama est née le 4 mars 1932, Johannesburg.
A 20 ans, elle devient choriste du groupe Manhattan Brothers avant d'écrire en 1956 son plus grand succès, «Pata, Pata», chanson qui sera reprise plus tard par de nombreux artistes. En 1959, elle est contrainte à l'exil en raison de son apparition dans le film anti-apartheid Come Back, Africa du cinéaste américain Lionel Rogosin.
Elle passe 31 ans en exil, combattant contre le racisme. C'est le début de plus de trente ans d'exil. En 1963, elle s'exprime devant le comité spécial des Nations-Unies contre l'apartheid : «Les Nations-Unies doivent user de leur influence pour ouvrir les portes des prisons et des camps de concentration d'Afrique du Sud ou des milliers de Noirs sont actuellement prisonniers (...) Mon pays a été transformé en vaste prison par le gouvernement Verwoerd ».
En 1966, Makeba reçoit un Grammy Award pour son disque «An evening with Harry Belafonte and Miriam Makeba» et devient la première Sud-Africaine à obtenir cette récompense. En 1987 elle rencontre à nouveau le succès grâce à sa collaboration avec Paul Simon dans l'album Graceland. Peu après, elle publie son autobiographie Makeba: My Story. Son mariage en 1969 avec le militant des droits civils afro-américain, Stokely Carmichael, chef des Black Panthers, lui cause des ennuis aux États-Unis.
Elle s'exile à nouveau et s'installe en Guinée. Miriam Makeba est décorée par la France au titre de Commandeur des Arts et Lettres en 1985 et en 1990, Nelson Mandela la persuade de rentrer en Afrique du Sud. En 1992, elle interprète le rôle de la mère (Angelina) dans le film «Sarafina !», qui raconte les émeutes de Soweto en 1976. En 2002, elle partage le Polar Music Prize avec Sofia Gubaidulina.
A la veille de sa tournée d'adieu en 2005, Miriam Makeba qui s'était toujours décrite comme «une artiste qui dit la vérité», avait fait part de son désir de faire «le tour du monde pour dire merci et adieu. Puis je veux que mes cendres soient dispersées dans l'océan Indien. Ainsi je pourrai naviguer à nouveau vers tous ces pays ».
source:
http://www.algeriefocus.com/index.php?option=com_content&view=article&id=304:deces-de-miriam-makeba-une-autre-voix-africaine-seteint-&catid=18:africa&Itemid=27